MES TROUVAILLES DANS LA LITTERATURE ECHIQUEENNE
Une nécessaire recherche bibliographique sur les ouvertures, l'histoire de ne pas vous dire trop de bêtises sur la défense Nimzo-Indienne (patience, ça va arriver...), m'a permis la découverte de multiples livres que je ne connaissais pas. Certains m'ont frappé par leur originalité, leur attrait ou au contraire leur platitude consternante et je me suis dit qu'il pourrait être utile que je partage mes opinions, comme disent les Dupont-Dupond ! Aussi je vous annonce une nouvelle rubrique "critique de livres", bien entendu toujours ouverte à vos commentaires aussi peu complaisants soient-ils. Et j'ai décidé de commencer par un livre étonnant et ambitieux, intitulé "the seven deadly chess sins" (les sept péchés capitaux aux échecs, Gambit Eds, 2000), qui n'hésite pas dans son introduction à faire ni plus ni moins que de la philosophie... appliquée aux échecs ! Cela commence par une citation disant en substance "aux échecs, on n'apprend mieux que par soi-même", puis s'enchaine par un paragraphe amusant intitulé "la théologie des échecs" où l'auteur n'hésite pas à citer la Bible et Thomas d'Aquin, pour définir le sens du mot péché (plus une condition qu'un acte, plus près de l'ignorance que de l'immoralité), ce qui l'amène à définir le "péché aux échecs" comme la simple ignorance de la réalité échiquéenne, et la bonne attitude non pas la honte et la culpabilité, mais la reconnaissance de ses limites et la volonté de progresser. Les 7 péchés en question sont un peu difficiles à dissocier les uns des autres parfois (c'est le côté un peu artificiel de la démarche de l'auteur) et peuvent être traduits de la façon suivante:
- la pensée proéminente (le manque d'intuition)
- l'obscurantisme ou l'aveuglement, la non reconnaissance des tournants d'une partie
- l'obsession du résultat, aboutissant au manque de jugeote et de bon sens pratique
- le matérialisme
- l'égoisme, qui conduit à "oublier" l'adversaire
- le perfectionnisme (ou le manque de confiance)
- le relâchement (ou le manque de concentration).
Tous ces péchés sont illustrés en détail, avec un réel effort pédagogique de l'auteur qui n'hésite pas à citer Sartre, Churchill, Beckett, et même Bruce Lee !! Il y a des paragraphes saisissants sur les pièges du raisonnement analogique aux échecs, et la nécessité de garder son humour, et les innombrables parties qui illustrent le propos sont commentées avec un style inégalé. Ce livre est tout simplement unique en son genre, totalement réussi, et tout simplement bluffant !