CHAMPIONNAT DU MONDE : L'AFFAIRE EST PLIEE !
On redoutait que 12 parties ne suffisent pas à départager les deux joueurs. En fait, les 6 premières auront suffi ! A moins que Vladimir Kramnik ne trouve "quelque chose" pour nous surprendre, on s'achemine vers une rencontre à sens unique, avec un zero pointé au tableau des victoires pour Kramnik, et des parties expédiées en un temps record. Que se passe-t-il en effet ? Le Vlad ne semble pas motivé. Serait-ce à cause de l'absence d'enjeu financier (il est sûr de faire fifti-fifti avec Anand), de ses liens d'amitié avec son adversaire ? A moins que l'aménagement technique des toilettes ne lui permette pas, cette fois-ci, une préparation suffisante... Quelle trace laissera Kramnik dans l'histoire des échecs ? Probablement d'avoir abrégé la carrière du grand Kasparov. Ensuite ? Plus grand chose. Cela me rappelle Henri Leconte, qui, après avoir sorti Bjorn Borg en fin de carrière, n'a jamais réussi à gagner un tournoi du grand Chelem. Moi qui ne suis qu'un "étranger" du monde des échecs, un vulgus peccus, je suis aussi consterné par le faible engouement que suscite ce championnat du monde pourtant "réunifié" : quasiment aucune couverture médiatique dans la grande presse ou la TV ; et il n'y a qu'à voir les retransmissions vidéo des rencontres pour constater le caractère confidentiel de la manifestation : à l'applaudimètre, on peut estimer à moins de 50 personnes le nombre de spectateurs et les retransmissions video se gardent bien de filmer le public. A croire que sans enjeu politique, sans parapsychologue, sans haine institutionnalisée entre les adversaires, sans génie précoce et médiatique (patience Magnus, ton tour viendra !) et depuis l'avénement de programmes performants, les échecs n'intéressent plus. Cette année, il n'y a même plus de toiletgate pour mettre un peu de piment. Que restera-t-il de ce championnat ? Je n'en sais encore rien. On ne peut que se réjouir de l'aura que le sympathique Anand a dans son pays et on espère des retombées positives pour l'image de L'Inde dans le monde, qui auraient été maximales si Anand avait été intouchable au lieu de brahmane. Mais je crains que les échecs aient pour ce faire beaucoup perdu de leur force symbolique. Si l'"école Russe" décline, n'est-ce pas tout simplement qu'il n'y a plus d'école russe ? Vous aurez compris mon humeur morose. J'espère vraiment me tromper, et qu'il se passera quelque chose dans les parties qui suivront... En attendant, le seul point positif est la mise à disposition rapide des parties et leurs commentaires éclairés sur le net. Ma préférence, de loin, va à la couverture de l'événement par ICC (un exemple ici), mais l'ami Philippe Dornbusch ne se débrouille pas mal non plus... Un bon point aussi pour Europe échecs, réconcilié avec la gratuité, qui nous livre le fichier pgn des 8 premières parties.